Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
[1650] MÉMOIRES

eussent été bien aises de ne s’en pas détacher. De ce nombre étoient madame de Chevreuse, Noirmoutier et Laigues. Le reste se trouvoit subdivisé en deux bandes, dont les uns vouloient la sûreté et l’honneur du parti, comme messieurs de Montrésor, de Vitry, de Bellièvre, de Brissac, à sa mode paresseuse, et M. de Caumartin ; les autres ne savoient presque pas ce qu’ils vouloient. M. de Beaufort et madame de Montbazon ne vouloient proprement rien, à force de tout vouloir ; et ces sortes d’esprits assemblent toujours dans leurs imaginations des choses contradictoires. Je disois à madame de Montbazon que je serois trop satisfait de sa conduite, pourvu qu’il lui plût de ne changer d’avis, et de ne prendre parti que deux ou trois fois le jour entre M. le prince et M. le cardinal. Pour comble d’embarras j’avois affaire à Monsieur, qui, comme j’ai dit, étoit un des hommes le plus foible, le plus défiant et le plus couvert. Il n’y a que l’expérience qui puisse faire connoître combien l’union de ces qualités dans un même homme le rend d’un commerce difficile et épineux. Comme j’étois résolu à ne point prendre de parti que de concert avec ceux qui m’étoient unis, je fus bien aise de m’en expliquer à fond avec eux. Tous par différens intérêts conclurent au même avis, qui leur fut inspiré habilement par Caumartin. Depuis long-temps il combattoit l’opiniâtreté que j’avois à ne pas songer à la pourpre : et il m’avoit représenté plusieurs fois que la déclaration que j’avois faite sur ce sujet avoit été suffisamment remplie et soutenue, par le désintéressement que j’avois témoigné en tant d’occasions ; qu’elle ne devoit et ne pouvoit avoir lieu tout au plus que