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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

pour le temps de la guerre de Paris, sur laquelle je pouvois avoir eu quelque fondement de parler et d’agir comme je faisois ; mais qu’il ne s’agissoit plus ni de cela, ni de la défense de Paris, ni du sang du peuple ; que la brouillerie, qui étoit présentement dans l’État, n’étoit proprement qu’une intrigue de cabinet entre un prince du sang et un ministre ; et que la réputation qui, dans la première affaire, consistoit dans le désintéressement, tournoit en celle-ci sur l’habileté ; qu’il s’y agissoit de passer pour un sot ou pour un habile homme ; que M. le prince m’avoit cruellement offensé par l’accusation qu’il avoit intentée contre moi ; que je l’avois aussi outragé par la prison ; que je voyois, par le procédé du cardinal avec moi, qu’il étoit tout autant blessé des services que je rendois à la Reine, qu’il l’avoit été de ceux que j’avois rendus au parlement ; que ces considérations me devoient faire comprendre la nécessité où je me trouvois à songer de me mettre à couvert du ressentiment d’un prince et de la jalousie d’un ministre, qui pouvoient à tous momens s’accorder ensemble ; qu’il n’y avoit que le chapeau de cardinal qui pût m’égaler à l’un et à l’autre par la grandeur de la dignité ; que la mître de Paris ne pouvoit pas, avec tous ses brillans faire cet effet, qui étoit toutefois nécessaire pour se soutenir, particulièrement dans des temps calmes, contre ceux auxquels la supériorité de rang donne presque toujours autant de considération et autant de force que de pompe et d’éclat.

Voilà ce que M. de Caumartin et tous ceux qui m’aimoient me proposoient depuis le soir jusqu’au matin. Ils avoient raison ; car il est constant que si