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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

conservoit contre Mazarin depuis l’assassinat d’un de ses neveux, dont il croyoit qu’il avoit été complice avec le cardinal Antoine[1] Pancirole, qui crût qu’il ne pouvoit faire un déplaisir plus sensible à Mazarin que de me porter au cardinalat, le mit dans l’esprit d’Innocent, et ce pape agréa qu’il entrât en commerce avec moi. Il se servit pour cet effet du vicaire général des Augustins, qui lui étoit très-confident, et qui passoit à Paris pour aller en Espagne. Il me donna une lettre de lui ; il m’en exposa la créance, et m’assura que si j’obtenois la nomination le Pape feroit la promotion sans délai. Ces offres ne firent pas que je me résolusse à la demander, ni même à la prendre ; mais elles firent que quand les autres considérations que je vous ai rapportées tombèrent sur le point de l’éclat que la cour fit contre moi après la paix de Bordeaux, je m’y laissai emporter plus facilement que je n’eusse fait si je ne me fusse cru assuré de Rome : car une des raisons qui me donnoient tant d’aversion pour le chapeau étoit la difficulté de fixer la nomination, parce qu’elle peut toujours être révoquée ; et je ne sache rien de plus fâcheux : car la révocation met toujours le prétendant au dessous de ce qu’il étoit avant que d’avoir prétendu. Elle avilit La Rivière, qui étoit méprisable par lui-même ; et il est certain qu’elle nuit à proportion de l’élévation.

Quand je fus persuadé que je devois penser au cha-

  1. Antoine Barberini, neveu d’Urbain VIII, créé cardinal en 1628, devenu protecteur de la couronne de France en 1633, grand aumônier de ce royaume en 1653. Ensuite il fut nommé à l’évêché de Poitiers, et fut fait archevêque de Reims en 1657. Il mourut en 1671. (A. E.)