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[1650] MÉMOIRES

M. le prince et M. le cardinal se fussent réunis, et m’eussent opprimé par leur poids, ce qui paroissoit désintéressement dans le temps que je me soutenois eût passé pour duperie en celui où j’eusse été abattu. Il n’y a rien de si louable que la générosité mais il n’y a rien qui se doive moins outrer. J’en ai cent exemples. Caumartin par amitié, et le président de Bellièvre par l’intérêt de ne me pas laisser tomber, m’avoient beaucoup ébranlé, au moins quant à la spéculation, depuis que je m’étois aperçu que je me perdois à la cour, et même par mes services. Mais il y a bien loin d’être simplement persuadé, à l’être assez pour agir dans les choses qui sont contre notre inclination. Lorsqu’on se trouve dans cet état, que l’on peut appeler mitoyen, on prend les occasions, mais on ne les cherche pas. La fortune m’en présenta deux en six semaines ou deux mois avant que la cour revînt de Guienne. Il est nécessaire de les représenter de plus haut.

M. le cardinal Mazarin avoit été autrefois secrétaire de Pancirole[1] nonce extraordinaire pour la paix d’Italie., Il avoit trahi son maître en cette occasion, et fut même convaincu d’avoir rendu compte de ses dépêches au gouvernement de Milan. Pimentel m’en a fait le détail, qui vous ennuieroit ici. PanciraIe ayant été créé cardinal et secrétaire d’État de l’Église n’oublia pas la perfidie de son secrétaire à qui le pape Urbain avoit donné le chapeau par les instances du cardinal de Richelieu ; et il n’aida pas à adoucir l’aigreur envenimée que le pape Innocent

  1. Jean-Jacques Pancirole, ou plutôt Panzirole, romain, cardinal de la création d’Urbain VIII, le 13 juillet 1643 ; mort en 1652. (A. E.)