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[1650] MÉMOIRES

Le cardinal revint quelque temps après avec le Roi il offrit pour moi, à madame de Chevreuse, Orcan, Saint-Lucien le paiement de mes dettes, la charge de grand aumônier ; et il ne tint pas à elle et à Laigues que je ne prisse ce parti. Je l’aurois refusé, même s’il y eût ajouté douze chapeaux. J’étois engagé à Monsieur, qui s’étoit défait de sa pensée d’ériger autel contre autel, par l’impossibilité qu’il avoit trouvée à Fontainebleau de diviser le cabinet, et de m’y mettre en perspective vis-à-vis le cardinal Mazarin en calotte rouge. Monsieur avoit donc pris la résolution de faire sortir de prison messieurs les princes, et il y avoit très-long-temps que je lui en voyois des velléités mais elles fussent demeurées long-temps stériles et infructueuses, si je ne les eusse cultivées et échauffées. Il ne les avoit jamais que comme son pis-aller, parce qu’il craignoit naturellement M. le prince comme offensé, et comme supérieur, sans proportion en gloire, en courage et en génie de sorte qu’il perdoit ces velléités presque aussitôt qu’elles naissoient, et dès qu’il voyoit le moindre jour à se pouvoir tirer par une autre voie de l’embarras où les contre-temps du cardinal le jetoient à tous les instans à l’égard du public, dont Monsieur ne vouloit en aucune façon perdre l’amour. Caumartin se servit habilement de ces lumières pour lui proposer ma promotion, comme une voie mitôyeune entre l’abandonnement au cardinal et le renouvellement de la faction. Monsieur la prit avec joie parce qu’il crut qu’elle ne feroit qu’une intrigue de cabinet que l’on pourroit pousser et appliquer dans les suites, selon qu’il conviendroit. Mais dès qu’il vit que le cardinal avoit fermé cette porte