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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

ami qui me dorât la pilule en cette occasion, et qui lui donnât lieu de demeurer lié à une cabale qui poussoit le Mazarin ce qui étoit son compte. Cependant il en avoit paru détaché, et c’étoit aussi son jeu. Il nous étoit d’une si grande conséquence de ne pas unir au cardinal le garde des sceaux, qui connoissoit notre manœuvre comme ayant été des nôtres, et comme y ayant même beaucoup de part, hors en ce qui regardoit mon chapeau, que je pris ou feignis de prendre pour bon tout ce qu’il lui plut de me dire à la comédie de Fontainebleau. Il joua fort bien, et je ne jouai pas mal. Je trouvai qu’il lui eût été impossible de se défendre d’en user comme il en avoit usé, vu les circonstances. Mademoiselle de Chevreuse, qui l’appeloit son papa, fit des merveilles : nous soupâmes chez lui, il nous donna la comédie en tous sens ; et comme il étoit extrêmement bijoutier, et qu’il avoit toujours les doigts pleins de petites bagues, nous fumes une partie du soir à raisonner ……… ne nous furent pas inutiles et qu’elles coûtèrent cher à Mazarin. Il s’imagina que madame de Rhodes m’amusoit par mademoiselle de Chevreuse, à qui il se figuroit qu’elle faisoit croire tout ce qu’il vouloit. Il ne pouvoit douter que le garde des sceaux et moi ne fussions intimement mal ; et je sais que quand il connut que nous nous étions raccommodés pour le chasser il dit en jurant que rien ne l’avoit tant surpris de tout ce qui lui étoit arrivé en sa vie.

Madame de Rhodes ne nous fut pas moins utile du côté de madame la palatine. Je vous ai dit qu’elle en ayoit été extrêmement recherchée ; et vous pouvez juger comme elle en fut reçue. Elle ménagea avec elle