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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

lement réflexion sur les avis qui venoient de toutes parts à la cour contre nous. On y croyoit savoir le dessous des cartes. Le premier président ne pouvoit quelquefois s’empêcher de dire à sa place de certaines paroles équivoques, qu’il croyoit que nous n’entendions pas, et qui nous avoient été expliquées la veille chez la palatine. Nous nous y réjouissions du maréchal de Gramont, qui disoit que les frondeurs seroient bientôt pris pour dupes. Enfin il y eut sur ce détail mille farces dignes du ridicule de Molière. Revenons au parlement.

La Saint-Martin de l’année 1650 arriva. Le premier président et l’avocat général Talon exhortèrent la compagnie à demeurer tranquille, pour ne point donner avantage aux ennemis de l’État.

Deslandes-Payen, conseiller de la grand’chambre, dit qu’il avoit été chargé la veille, à neuf heures du soir, d’une requête de madame la princesse. On la lut. Elle concluoit à ce que les princes fussent amenés au Louvre ; qu’ils y fussent gardés par un officier de la maison du Roi ; que le procureur général fût mandé pour déclarer s’il avoit quelque chose à proposer contre leur innocence ; et que, faute de ce faire, il fût incessamment pourvu à leur liberté. Ce qui fut assez plaisant à l’égard de cette requête est qu’elle fut concertée l’avant-veille chez madame la palatine entre Croissy, Viole et moi, et qu’elle fut minutée la veille chez le premier président, qui disoit aux deux autres : « Voilà servir les princes dans les formes et en gens de bien, et non pas comme des factieux. » On mit le soir même sur la requête le soit montré : ce qui étoit de la forme. Elle fut renvoyée au parquet. L’on