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[1651] MÉMOIRES

de ton. Il parla à Monsieur, dans la petite chambre grise de la Reine, du parlement, de M. de Beaufort est de moi, comme de la chambre basse de Londres, de Fairfax et de Cromwell. Il s’emporta jusqu’à l’exclamation en s’adressant au Roi. Il fit peur à Monsieur, qui fut si aise d’être hors du Palais-Royal sain et sauf, qu’en montant en carrosse il dit à Jouy, qui étoit lui, qu’il ne se remettroit jamais entre les mains de cette enragée furie. Il appeloit ainsi la Reine, parce qu’elle avoit renchéri sur ce que le cardinal avoit dit au Roi. Jouy, qui étoit de mes amis, m’avertit de la disposition de Monsieur, et je ne la laissai point refroidir. Nous nous joignîmes, M. de Beaufort et moi, pour l’obliger de se déclarer dès le lendemain au parlement. Nous lui fîmes voir qu’après ce qui s’étoit passé il n’y avoit plus de sûreté pour lui dans le tempérament et que si le Roi sortoit de Paris, nous tomberions dans une guerre civile, où il demeureroit apparemment seul avec Paris, parce que le cardinal qui tenoit les princes entre ses mains feroit ses conditions avec eux. Qu’il savoit mieux que personne que nous l’avions plutôt retenu qu’échauffé, tant que nous avions cru pouvoir amuser le cardinal Mazarin mais que la chose étant dans sa maturité, nous le tromperions et nous serions des serviteurs inutiles, si nous ne lui disions qu’il n’y avoit plus de temps à perdre, à moins qu’il ne se résolût lui-même à perdre toute confiance dans le parti des princes, qui commençoient à se défier de son inaction ; qu’il falloit que le cardinal fût le plus aveugle de tous les hommes, pour n’avoir pas pris ces instans, pour négocier avec eux et pour se donner le mérite de leur liberté, qui paroissoit par l’évé-