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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

nement avoir été appréhendée par Monsieur ; que tout ce qui avoit été fait et dit par les frondeurs ne passeroit en ce cas que pour un artifice ; que nous ne doutions point que la cour ne fût sur le point de prendre ce parti que ce qu’elle venoit de répondre au parlement en étoit une marque assurée, parce qu’elle lui promettoit la liberté de messieurs les princes aussitôt après que leur parti seroit désarmé ; que sa réponse étoit captieuse, mais qu’elle étoit fixe ; qu’elle engageoit nécessairement, et sans qu’il y eût même prétexte de s’en défendre, à une négociation avec le parti des princes, que le cardinal éluderoit facilement si Monsieur ne la pressoit pas, ou qu’il tourneroit contre Monsieur même si Monsieur ne la pressoit qu’à demi ; qu’il seroit également honteux et périlleux à Son Altesse Royale ou de laisser les princes dans les fers après avoir traité avec eux, ou de laisser les moyens au cardinal de leur faire croire qu’il auroit été le véritable auteur de leur liberté qu’il ne s’agissoit de rien moins dans le délai que de ces deux inconvéniens que l’assemblée du lendemain en décideroit peut-être, parce que la décision, dépendoit de la manière dont le parlement prendroit la réponse de la Reine ; que cette manière n’étoit point problématique si Monsieur y vouloit paroître, parce que sa présence assureroit la liberté des princes, et lui en donneroit l’honneur.

Nous fûmes, depuis huit heures jusqu’à minuit sonné, à haranguer Monsieur sur ce ton ; et Madame, que nous avions fait avertir par le vicomte d’Autel[1],

  1. Ferry de Choiseul, troisième du nom, vicomte d’Autel, frère puîné du maréchal duc de Choiseul, dit le maréchal Du Plessis. (A. E.)