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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

dinal. Il répondit qu’il appréhendoit qu’il n’y eût point de sûreté pour lui. Elle offrit de venir seule au palais d’Orléans : il s’en excusa avec respect, mais il s’en excusa. Il envoya, une heure après, faire défense aux maréchaux de France de reconnoître d’autres ordres que les siens, comme lieutenant général de l’État ; et au prévôt des marchands de ne faire prendre les armes que sous son autorité. Vous vous étonnerez sans doute de ce qu’après ces pas l’on ne fit pas celui de s’assurer des portes de Paris, pour empêcher la sortie du Roi. Madame, qui trembloit de peur de cette sortie, redoubla tous les jours ses efforts mais ils ne servirent qu’à faire voir qu’un homme, foible de son naturel, n’est jamais fort en tout.

Le 4, Monsieur vint au Palais, et il assura la compagnie d’une correspondance parfaite pour travailler ensemble au bien de l’État, à la liberté des princes, et à l’éloignement du cardinal. Comme Monsieur acheva de parler, les gens du Roi qui entrèrent dirent que M. de Rhodes, grand maître des cérémenies, demandoit à présenter une lettre de cachet du Roi. On balança un peu à lui donner audience, sur ce que Monsieur dit qu’étant lieutenant général de l’État, il ne croyoit pas que, dans une minorité, l’on pût faire écrire le Roi au parlement sans sa participation. Cependant, comme il ajouta qu’il étoit du sentiment de la recevoir, l’on fit entrer M. de Rhodes. On lut la lettre : elle portoit ordre de séparer l’assemblée d’aller par députés, au plus grand nombre qu’il se pourroit, au Palais-Royal, pour y entendre les volontés du Roi. On résolut, d’obéir, et d’y envoyer sur l’heure même des députés, mais de ne point désem-