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[1651] MÉMOIRES

parer, et d’attendre dans la grand’chambre les députés. Je reçus, comme on se levoit pour aller auprès du feu, un billet de madame de Lesdiguières, qui me mandoit que la veille Servien avoit concerté avec le garde des sceaux et avec le premier président la pièce qui s’alloit jouer ; qu’elle n’en avoit pu découvrir le détail, mais que la pièce étoit contre moi. Je dis à Monsieur ce que je venois d’apprendre. Il me répondit qu’il n’en doutoit point à l’égard du premier président ; qui ne vouloit la liberté de messieurs les princes que par la coup mais que si le vieux Pantalon (il appeloit ainsi le garde des sceaux de Château-neuf, parce qu’il avoit toujours une jaquette fort courte et un petit chapeau) étoit capable de cette folie et de cette perfidie tout ensemble, il méritoit d’être pendu de l’autre côté du Mazarin. Il le méritoit donc, car il avoit été l’auteur de la comédie que vous allez voir.

Aussitôt que les députés furent arrivés au Palais-Royal, M. le premier président dit à la Reine que le parlement étoit sensiblement affligé de voir que, nonobstant les paroles qu’il avoit plu à Sa Majesté de donner pour la liberté de messieurs les princes, l’on n’avoit point reçu la déclaration que tout le public attendoit de sa bonté et de sa promesse. La Reine répondit que le maréchal de Gramont étoit parti pour faire sortir de prison messieurs les princes, en prenant d’eux les sûretés nécessaires pour l’État (je vous parlerai tantôt de ce voyage) ; que ce n’étoit pas sur ce sujet qu’elle les avoit mandés, mais sur un autre qui leur seroit expliqué par le garde des sceaux. Il fit semblant de l’expliquer : mais il-parla si bas, sous