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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

Les députés revinrent entre onze heures et midi au Palais, où Monsieur avoit mangé un morceau à la buvette afin de pouvoir achever la délibération ce jour-là. Le premier président affecta de commencer sa relation par la lecture de l’écrit qui lui avoit été donné contre moi. Il crut qu’il surprendroit ainsi les esprits. Effectivement il réussit au moins en ce point, et la surprise parut dans tous les visages. Quoique je fusse averti, je ne l’étois pas du détail, et j’avoue que la forme de la machine, ne m’étoit pas venue dans l’esprit. Dès que je la vis, j’en connus et j’en conçus la conséquence, et je la sentis encore plus vivement quand j’entendis M. le premier président qui, se tournant froidement à gauche, dit « Votre avis, M. le doyen » Je ne doutai point que la partie ne fût faite, et je ne me trompois pas ; mais Menardeau, qui devoit ouvrir la tranchée, eut peur d’une salve du côté de la salle. Il y trouva une si grande foule de peuple en entrant, tant d’acclamations à la Fronde, tant d’imprécations contre Mazarin, qu’il n’osa s’ouvrir, et qu’il se contenta de déplorer pathétiquement la division de l’État, et celle particulièrement qui paroissoit dans la maison royale. Je ne puis vous dire de quel avis furent tous les conseillers de la grand’chambre, et je crois qu’eux-mêmes ne l’eussent pu dire si on ne les en eut pressés à la fin de leurs discourus. L’un fut du sentiment de faire des prières de quarante heures ; l’autre, de prier Monsieur de prendre soin du public. Le bon homme Broussel oublia que l’assemblée avoit été résolue et indiquée pour y traiter de l’affairé des princes, et il ne parla en général que contre les désordres de l’État. Ce n’étoit pas mon