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[1651] MÉMOIRES

plus ridicules personnages qu’homme de sa qualité pouvoit jouer.

Vous allez voir dans peu une preuve convaincante que toutes les démarches ou plutôt toutes les démonstrations que le cardinal donnoit depuis quelque temps de vouloir la liberté des princes, n’étoient que dans la vue de détacher Monsieur de leurs intérêts, sous prétexte de les réunir à la Reine. Je vous ai déjà dit que cette grande scène des remontrances pour l’éloignement du cardinal, et du refus fait à M. de Brienne, se passa le 4 février elle ne fut pas la seule. Le vieux bon homme de La Vieuville[1], le marquis de Sourdis, le comte de Fiesque, Béthune et Montrésor, se mirent dans la tête de faire une assemblée de noblesse pour le rétablissement de leurs privilèges. Je m’y opposai fortement auprès de Monsieur, parce que j’étois persuadé qu’il n’y avoit rien de plus, dangereux dans une faction que de mêler sans nécessité ce qui en a la figure. Je l’avois éprouvé plus d’une fois, et toutes les circonstances en devoient dissuader dans cette occasion. Nous avions Monsieur, nous avions, le parlement, nous avions l’hôtel-de-ville. Ce composé paroissoit faire le gros de l’État tout ce qui n’étoit pas assemblée légitime le déparoit. Il fallut céder à leurs désirs, auxquels je me rendis toutefois beaucoup moins, qu’à la fantaisie d’Annery, à qui j’avois l’obligation que vous avez vue ci-dessus. Il étoit secrétaire de cette assemblée mais il en étoit aussi beaucoup plus le fanatique. Cette assemblée, qui se tint ce jour-là à l’hôtel

  1. La Vieuville : Charles, duc de La Vieuville, gouverneur du Poitou, lieutenant général en Champagne, mort en 1689 à soixante-treize ans. Son fils étoit l’un des amans de la princesse palatine.