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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

éloigné de la personne du Roi et de ses conseils. Nous appréhendions dans la vérité un coup de désespoir et de la Reine et du Mazarin, si Monsieur fût allé au Palais-Royal ; mais on eût pu trouver des tempéramens et des sûretés, si nous n’eussions eu que cette considération. Nous craignions beaucoup davantage sa foiblesse, et avec d’autant plus de sujet que nous avions remarqué que les délais du cardinal pour ce qui regardoit la liberté de messieurs les princes n’avoient d’autre fondement que l’espérance, qu’il ne pouvoit perdre, que la Reine regagneroit Monsieur et c’étoit dans cette vue qu’il avoit fait partir le maréchal de Gramont et Lionne pour le Havre-de-Grâce, comme pour aller prendre avec les princes les sûretés nécessaires pour leur liberté. Monsieur crut par cette considération l’affaire si avancée, qu’il se laissa aller à envoyer avec eux Goulas, secrétaire de ses commandemens. Il s’y engagea dès le premier du mois avec le maréchal de Gramont ; il en fut bien fâché le 2 au matin, parce que je lui en fis connoître la conséquence, qui étoit de donner à croire au parlement que l’intention du cardinal fût sincère pour la liberté des princes. Il se trouva par l’événement que j’avois bien jugé car le maréchal de Gramont, qui partit le même jour pour aller au Havre, et qui dit publiquement au Luxembourg que messieurs les princes avoient leur liberté, et sans les frondeurs, n’eut que le plaisir de leur rendre une visite. Il partit sans instruction ; on promit de lui en envoyer. Quand on vit que Monsieur s’étoit retiré du panneau on prit d’autres vues et le pauvre maréchal de Gramont, avec les meilleures intentions du monde, joua un des