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[1651] MÉMOIRES

Clermont, Marsin dans Stenay, Boutteville dans Bellegarde, Arnauld dans le château de Dijon, Persan dans Montrond. Jugez quel établissement ! Lyonne m’a assuré plusieurs fois depuis que lui et Servien avoient fait de très-bonne foi à M. le prince la proposition touchant la Guienne et la Provence, parce qu’ils étoient persuadés qu’il n’y avoit rien que la cour ne dût faire pour le gagner. Les gens qui veulent croire du mystère à toutes ces choses ont dit qu’ils ne pensèrent qu’à l’amuser. Ce qui a donné de la couleur à cette opinion est que la chose leur réussit justement comme s’ils en eussent eu ce dessein car M. le prince, qui ne douta pas que deux hommes aussi dépendans du cardinal n’auroient pas eu la hardiesse de lui faire des propositions de cette importance sans son ordre, et qui d’ailleurs trouva d’abord toute la facilité imaginable pour le gouvernement de Guienne, dont il fut effectivement pourvu, en laissant celui de Bourgogne à M. d’Epernon ; M. le prince, dis-je, ne douta point de l’aveu du cardinal pour le gouvernement de Provence ; et avant que de l’avoir reçu, ou il consentit, où il fit entendre qu’il consentiroit (on en parle diversement), au changement du conseil qui arriva le 3 avril, en la manière que je vais vous le raconter, après que je vous aurai priée de remarquer que cette faute de M. le prince est, mori opinion, la plus grande qu’il ait jamais faite contre la politique.

Le 3 avril, Monsieur et M. le prince étant allés au Palais-Royal, Monsieur y apprit que Chavigny, l’intime de M. le prince, y avoit été mandé par la Reine, de Touraine où il étoit. Monsieur, qui le haïssoit mortellement, se plaignit à la Reine de ce qu’elle l’avoit