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[1651] MÉMOIRES

prédit cela ; et j’ai passé pour l’auteur de ce dont je n’ai jamais été que le prophète. L’on y est, madame ; Dieu sait mon cœur, et que personne en France, sans exception, n’en est plus affligé que moi. Votre Majesté souhaite, et avec beaucoup de justice, de s’en tirer ; et je la supplie très-humblement de me permettre de lui dire qu’elle ne le peut faire, à mon sens, tant qu’elle pensera au rétablissement du cardinal. Je ne dis pas cela, madame, dans la pensée que je le puisse persuader à Votre Majesté : ce n’est que pour m’acquitter de ce que je lui dois. Je coule le plus légèrement qu’il m’est possible sur ce point, que je sais n’être pas agréable à Votre Majesté, et je passe à ce qui me regarde. J’ai, madame, une passion si violente de pouvoir récompenser par mes services ce que mon malheur m’a forcé de faire dans les dernières occasions, que je ne reconnois plus de règles à mes actions, que celles que je me forme sur le plus ou sur le moins d’utilité dont elles vous peuvent être. Je ne puis proférer ce mot, sans revenir encore à supplier humblement Votre Majesté de me le pardonner. Dans les temps ordinaires cela seroit criminel, parce que l’on ne doit considérer que la volonté du maître. Dans les malheurs où l’État est tombé, l’on peut et l’on est même obligé, lorsque l’on se trouve dans de certains postes, à n’avoir égard qu’à le servir ; et c’est là une chose dont un homme de bien ne se doit jamais tenir dispensé. Je manquerois au respect que je dois à Votre Majesté, si je prétendois contrarier, par toute autre voie que par une très-humble et très-simple remontrance, les pensées qu’elle a pour M. le car-