Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/316

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de me permettre d’aller, à l’heure accoutumée, dans la petite galerie. Monsieur, à qui je fis savoir par Jouy que la Reine m’avoit mandé de m’y rendre à minuit, m’envoya chercher sur les huit heures à l’hôtel de Chevreuse, où je soupois, pour me dire qu’il m’avouoit qu’il n’avoit de sa vie été si embarrassé qu’il l’étoit alors ; qu’il convenoit qu’il y avoit beaucoup de sa faute mais qu’il étoit pardonnable de faillir dans une occasion où il sembloit que tout le monde ne cherchoit qu’à rompre ses mesures ; que M. le prince lui avoit fait dire par Croissy, à sept heures du matin, des choses qui lui donnoient lieu de croire qu’il ne reviendroit pas à Paris ; que M. de Chavigny lui avoit parlé, à sept heures du soir, d’une manière qui lui faisoit juger qu’il y pourroit être au moment qu’il me parloit. Il ajouta que la Reine étoit une étrange femme qu’elle lui avoit témoigné la veille qu’elle étoit très-aise que M. le prince eût quitté la partie, et que ce qu’elle lui feroit dire par le maréchal de Gramont ne seroit que pour la forme ; qu’elle lui avoit fait dire ce jour-là à six heures du matin qu’il falloit faire tous ses efforts pour l’obliger à revenir ; qu’il m’avoit envoyé querir pour me recommander de bien prendre garde à la manière dont je parlerois à la Reine ; « parce qu’enfin, me dit-il, je vous déclare que voyant, comme je le vois, qu’elle se va raccommoder avec M. le prince, je ne veux plus me brouiller ni avec l’un ni avec l’autre. J’essayai de faire comprendre à Monsieur que le vrai moyen de se brouiller avec tous les deux seroit de ne pas suivre la voie qu’il avoit prise, ou du moins résolue, et de faire expliquer la Reine. Il vétilla beau-