Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/320

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Monsieur se plaint-il de moi depuis hier ? — Non, madame, lui répondis-je mais Votre Majesté lui témoigna hier à midi qu’elle étoit bien aise que M. le prince fût sorti de Paris, et elle lui a fait dire ce matin, par le vicomte d’Autel, qu’il ne lui pouvoit rendre un service plus signalé que d’obliger M. le prince à revenir. — Écoutez-moi, reprit la Reine sans balancer et tout d’un coup et si j’ai tort, je consens que vous me le disiez librement. Je convins hier à midi avec Monsieur que nous enverrions, pour la forme seulement, M. de Gramont à M. le prince, et que nous tromperions même l’ambassadeur, qui, comme vous savez, n’a point de secret. J’apprends hier à minuit que Monsieur a envoyé Goulas à neuf heures du soir à Chavigny, pour lui ordonner de donner de sa part à M. le prince toutes les paroles les plus positives et les plus particulières d’union et d’amitié. J’apprends au même instant qu’il a dit au président de Nesmond qu’il feroit des merveilles au parlement pour son cousin. Puis-je moins faire, dans l’émotion ou je vois tout le monde sur l’évasion de M. le prince, que de prendre quelques dates pour me défendre, il l’égard de Monsieur même, des reproches qu’il est capable de me faire dès demain peut-être ? Je ne me prends pas à vous de sa conduite ; je sais bien que vous n’êtes pas des concerts qui passent par le canal de Goulas et de Chavigny : mais aussi, puisque vous ne pouvez pas les empêcher, vous ne devez pas au moins trouver étrange que je prenne quelques précautions. De plus, je vous avoue, reprit la Reine, que je ne