Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/364

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de lui-même, mais personne ne le fut de lui. La Reine ne prit ce qu’il avoit dit que comme une duplicité, ridicule pour lui et inutile pour elle. M. le prince ne le reçut que comme une marque que Monsieur étoit appliqué à se ménager au moins avec la cour. La Reine ne dissimula point du tout son sentiment : M. le prince ne dissimula point assez le sien. Madame, qui étoit fort en colère releva de toutes les couleurs celui de tous deux. Monsieur eu peur et la peur, qui n’applique jamais de remèdes à propos, le porta à des soumissions envers la Reine, qui, étant sans mesures, augmentèrent la défiance qu’elle avoit de lui, et à des avances à l’égard de M. le prince qui firent un effet directement contraire à ce que Monsieur souhaitoit avec le plus d’ardeur. Son unique désir étoit de contenter l’un et l’autre et de le faire néanmoins d’une telle manière que M. le prince ne revînt pas à la cour, et qu’il demeurât paisible dans son gouvernement. L’unique moyen pour parvenir à cette dernière fin étoit de lui procurer des satisfactions qui le pussent remplir pour quelque temps, mais qui ne l’assurassent pas pour le présent, ou du moins qui ne l’assurassent pas assez pour lui donner lieu de revenir à Paris. Voilà ce que je lui avois proposé, voilà ce que Madame avoit appuyé de toute sa force. Il en conçut l’utilité, il le voulut : sa foiblesse lui fit prendre le chemin tout opposé ; il s’ôta, par ses basses et fausses excuses, la croyance qui lui étoit nécessaire dans l’esprit de la Reine, pour la porter, de concert même avec lui, à un accommodement raisonnable avec M. le prince. Il donna tant d’assurances à M. le prince de son amitié pour lui, en vue de réparer le