Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/365

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ménagement qu’il avoit témoigné à l’égard des sous-ministres, que, soit que M. le prince crût ses assurances véritables, soit qu’il prît confiance dans la frayeur même qu’il savoit que Monsieur avoit de lui, il prit le parti de revenir à Paris, sous le prétexte que les créatures du cardinal Mazarin en étant éloignées il n’appréhendoit plus d’y être arrêté. J’ouvrirai cette nouvelle scène, après que je vous aurai priée de faire une réflexion qui marque à mon sens, autant que chose du monde, le privilége et l’excellence de la sincérité.

Monsieur n’avoit point promis à la Reine de ne se pas déclarer contre les sous-ministres au contraire, il lui avoit signifié, en termes formels, qu’il s’y déclareroit. Il ne le fit qu’à demi, il les ménagea, il leur épargna le dégoût d’être nommés dans l’arrêt ; il ne s’emporta point contre la Reine, quoiqu’elle ne tînt pas elle-même ce à quoi elle étoit obligée, qui étoit de les abandonner, au cas que Monsieur ne pût empêcher le prince de les pousser. La Reine toutefois se plaignit, avec une aigreur inconcevable, de Monsieur : elle lui fit à lui-même dès l’après-dînée des reproches aussi rudes et aussi violens que s’il lui avoit fait toutes les perfidies imaginables ; elle se prétendit dégagée, par ce procédé, de la parole qu’elle lui avoit donnée de ne pas s’opiniâtrer à la conservation des sous-ministres ; elle ne le dit pas seulement, mais elle le crut et cela, parce qu’au sortir de la conversation dans laquelle Madame lui fit peur il envpya le maréchal d’Etampes à la Reine lui demander proprement une abolition ; et qu’il la lui demanda lui-même l’après-dînée, en lui faisant des excuses qui