Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/402

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qu’il ne convenoit pas qu’il se pût trouver dans le royaume des gens assez insolens pour prétendre lui disputer le pavé. Il répéta deux fois cette dernière parole. Je lui fis une profonde révérence, et je dis que je suppliois très-humblement Son Altesse de me pardonner si je lui disois que je ne croyois pas qu’il y eût personne dans le royaume qui fût assez insolent pour lui disputer le haut du pavé : mais que j’étois persuadé qu’il y en avoi tqui ne pouvoient et ne devoient, par leur dignité, quitter le pavé qu’au Roi. M. le prince me répondit qu’il me le feroit bien quitter. Je lui repartis qu’il ne seroit pas aisé. La cohue s’éleva à cet instant. Les jeunes conseillers de l’un et l’autre parti s’intéressèrent dans ce commencement de contestation, qui commençoit, comme vous voyez, assez aigrement. Les présidens se jetèrent entre M. le prince et moi ; ils le conjurèrent d’avoir égard au temple de la justice, et à la conservation de la ville ; ils le supplièrent d’agréer que l’on fît sortir de la salle tout ce qu’il y avoit de noblesse et de gens armés. Il le trouva bon, et il pria M. de La Rochefoucauld de l’aller dire de sa part à ses amis. Ce fut le terme dont il se servit il fut beau et modeste dans sa bouche il n’y eut que l’événement qui empêcha qu’il ne fût ridicule dans la mienne ; il ne l’en est pas moins dans ma pensée, et j’ai encore regret de ce qu’il dépara la première réponse que j’avois faite à M. le prince touchant le pavé qui étoit juste et raisonnable. Comme il eut prié M. de La Rochefoucauld de faire sortir ses amis, je me levai en disant imprudemment : « Je vais prier les miens de se retirer. » Le jeune d’Avaux, que vous voyez présentement le