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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

n’y point faire paroître d’affectation, qui en eût gâté tout le mystère. L’effet que cette bagatelle fut incroyable. Tout fut à la mode de la Fronde, le pain, les chapeaux, les gants, les, mouchoirs, les éventails, les garnitures : et nous fûmes nous-mêmes encore plus à la mode par cette sottise que par l’essentiel. Nous avions besoin de tout pour nous soutenir, ayant toute la maison royale sur les bras. Car quoique j’eusse vu M. le prince chez madame de Longueville, je ne me croyois que médiocrement raccommodé il m’avoit traité civilement, mais froidement, et je savois même qu’il étoit persuadé que je m’étois plaint de lui comme ayant manqué aux paroles qu’il m’avoit fait porter à des particuliers du parlement. Comme je ne l’avois pas fait, j’avois sujet de croire que l’on eût affecté de me brouiller avec lui. Je trouvois que la chose venoit apparemment de M. le prince de Conti, qui étoit naturellement très-malin et qui me haïssoit sans savoir pourquoi, ni que je le pusse deviner moi-même. Madame de Longueville ne m’aimoit guère davantage, et j’en découvris un peu après la raison. Je me défiois de madame de Montbazon, qui n’avoit pas à beaucoup près tant de pouvoir que moi sur l’esprit de M. de Beaufort, mais qui en avoit plus qu’il ne falloit pour lui tirer tous ses secrets. Elle ne me pouvoit pas aimer, parce qu’elle savoit que, je lui ôtois la meilleure partie de la considération qu’elle en eût pu tirer à la cour. Cependant j’eusse pu m’accorder avec elle, car jamais femme n’a été de si facile composition mais comment arranger cet accommodement avec mes autres engagemens ; qui me plaisoient davantage, et oia j’avois plus de sûretés ? Vous voyez assez que je