Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
[1649] MÉMOIRES

n’étois pas sans embarras. Il ne tint pas au comte de Fuensaldagne de me soulager. Il n’étoit pas content de M. de Bouillon, qui, à la vérité, avoit manqué le point décisif de la paix générale. Il l’étoit beaucoup moins de ses envoyés qu’il appeloit des taupes ; et il étoit fort satisfait de moi, parce que j’avois toujours insisté pour la paix des couronnes, et que je n’avois eu aucun intérêt dans, la paix particulière. Il m’envoya don Antonio Pimentel pour m’offrir tout ce qui étoit au pouvoir du Roi son maître, et pour me dire que, sachant l’état où j’étois avec le ministre, il ne doutoit point que je n’eusse besoin d’assistance ; qu’il me prioit de recevoir cent mille écus que don Antonio Pimentel m’apportoit en trois lettres de change dont l’une étoit pour Bâle, la seconde pour Strasbourg, et la troisième pour Francfort ; qu’il ne me demandoit pour cela aucun engagement, et que le roi Catholique seroit très-satisfait de n’en tirer aucun avantage que celui de me protéger. Je reçus avec un profond respect cette honnêteté j’en témoignai ma reconnoissance ; je n’éloignai point du tout les vues de l’avenir mais je refusai pour le présent, en disant à don Antonio que je me croirois absolument indigne de la protection du roi Catholique, si je recevois des gratifications de lui, n’étant pas en état de le servir ; que j’étois né Français, et attaché encore plus particulièrement qu’un autre, par ma dignité, à la capitale du royaume ; que mon malheur m’avoit porté à me brouiller avec le premier ministre de mon Roi ; mais que mon ressentiment ne me porteroit jamais, à chercher de l’appui parmi les ennemis, que lorsque la nécessité de la défense naturelle m’y obligeroit ; que la provi-