Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/430

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inconcevable contre lui « J’aurai la joie de le voir sur le pavé comme un laquais. » Elle lui fit dire pour cette raison, par M. le maréchal de Villeroy, le premier jour de l’établissement des nouveaux ministres, qu’il pouvoit y demeurer. Il s’en excusa, sous le prétexte de ses affaires domestiques il se retira en Touraine, où il n’eut pas la force de demeurer. Il revint en l’absence du Roi à Paris, où vous verrez dans la suite qu’il joua un triste et fâcheux personnage, qui lui coûta à la fin et l’honneur et la vie. M. de La Rochefoucauld a dit très-sagement qu’il n’y avoit rien de si nécessaire que de savoir s’ennuyer.

Il faut encore, avant que de reprendre la suite de mon discours que je fasse une autre digression de ce qui se passa en ce temps-là entre M. le prince et M. de Turenne. Aussitôt après que M. le prince fut sorti de Paris pour aller à Saint-Maur, messieurs de Bouillon et de Turenne s’y rendirent, et ils lui offrirent leurs services publiquement, et en la même manière que les autres qui paroissoient les plus engagés avec lui. M. le prince m’a dit que depuis la veille du jour qu’il quitta Saint-Maur pour aller à Trie, d’où il ne revint plus à la cour, M. de Turenne lui avoit encore promis si positivement de le servir, qu’il avoit même accepté un ordre signé de sa main, par lequel il ordonnoit à La Moussaye, qui commandoit pour lui dans Stenay, de lui remettre la place entre les mains ; et que la première nouvelle qu’il eut après cela de M. de Turenne fut qu’il alloit commander l’armée du Roi. Je vous prie d’observer que M. le prince est l’homme que j’aie jamais connu le moins capable d’une imposture préméditée. Je n’ai jamais osé faire expli-