Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/431

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quer à fond M. de Turenne sur ce point : mais ce que j’en ai pu tirer en lui en parlant indirectement est qu’aussitôt après la liberté de M. le prince il eut tous les sujets du monde d’être mal satisfait de son procédé à son égard qu’il lui préféra en tout et partout M. de Nemours, qui n’approchoit pas de son mérite, et qui ne lui avoit pas rendu d’ailleurs à beaucoup près tant de services ; et que par cette considération il s’étoit cru libre de ses premiers engagemens. Vous remarquerez, s’il vous plaît, que je n’ai jamais vu personne moins capable d’une vilenie que M. de Turenne. Reconnoissons encore de bonne foi qu’il y a des points dans l’histoire inconcevables à ceux même qui se sont trouvés les plus proches des faits. Je reprends le fil de ma narration.

M. le prince, n’ayant demeuré qu’un jour ou deux à Angerville, prit le chemin de Bourges, qui étoit proprement celui de Bordeaux ; et la Reine, qui eût été bien aise, si elle eût suivi son inclination, de l’éloignement de M. le prince, mais qui avoit reçu une leçon contraire de Brulh, n’osa s’opiniâtrer contre l’avis de Monsieur, qui, fortifié par les conseils de Chavigny, et persuadé d’ailleurs que la cour entretenoit toujours quelques négociations secrètes avec M. le prince, feignit, à toute fin, un grand empressement à faire que M. le prince ne s’éloignât pas. Ce qui le confirma pleinement dans cette conduite fut qu’une ouverture qu’on attribuoit dans ce temps-là à M. Le Tellier, au moins dans le bruit du monde, lui fit croire qu’il jouoit à jeu sûr, et que cet empressement qui paroîtroit à rappeler monsieur son cousin à la cour n’iroit effectivement qu’à le tenir en repos dans son