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gouvernement : à quoi Monsieur prétendoit qu’il trouveroit son compte en toutes manières. Cette ouverture fut que l’on offrit à M. le prince qu’il demeurât paisible dans son gouvernement, jusqu’à ce qu’on eût assemblé les États-généraux. Cette proposition est de la nature de ces choses dont il me semble que j’ai déjà parlé quelquefois, qui ne s’entendent pas, parce qu’il est impossible de concevoir ce qui peut leur avoir donné l’être. Il est constant que cette ouverture vint de la cour, soit par M. Le Tellier, soit par un autre ; et il ne l’est pas moins qu’il n’y avoit rien au monde de plus contraire aux véritables intérêts de la cour, parce que ce repos imaginaire de M. le prince dans son gouvernement lui donnoit lieu d’y conserver, d’y fortifier et d’y augmenter ses troupes, qui par la même proposition y devoient demeurer en quartier d’hiver. Monsieur la reçut avec une joie qui me surprit au dernier point, parce qu’il m’avoit dit plus de mille fois que de l’humeur dont il connoissoit le cardinal, susceptible de toutes négociations, il ne croyoit rien de plus opposé à ses intérêts, de lui Monsieur, que les interlocutoires entre M. le prince et la cour. En pouvoit-on trouver un plus dangereux sur ce fondement, auquel cette proposition donnoit lieu ? Ce qui est merveilleux fut que ce qui étoit assurément pernicieux et à la cour et à Monsieur fut rejeté par M. le prince, et que son destin le porta à préférer et à ses inclinations et à ses vues ce caprice de ses amis et de ses serviteurs. Je ne sais de ce détail que ce que Croissy, qui fut envoyé par Monsieur à Bourges, m’en a dit depuis à Rome ; mais je suis persuadé qu’il m’en a dit la vérité, parce qu’il n’avoit