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voya une déclaration[1] contre lui au parlement, par laquelle elle le déclaroit criminel de lèse-majesté, etc. Voici, à mon sens, le moment fatal et décisif de la révolution. Il y a fort peu de gens qui en aient connu la véritable importance : chacun s’y en est voulu former une imaginaire. Les uns se sont voulu figurer que le mystère de ce temps-là consista dans les cabales qu’ils se persuadèrent avoir été faites dans la cour pour et contre le voyage du Roi. Il n’y a rien de plus faux : il se fit d’un concert uniforme de tout le monde. La Reine brûloit d’impatience d’être libre, et en lieu où elle pût rappeler M. le cardinal quand il lui plairoit. Les sous-ministres la fortifioient par toutes leurs lettres dans la même pensée. Monsieur souhaitoit plus que personne l’éloignement de la cour, parce que sa pensée naturelle et dominante lui faisoit toujours trouver une douceur sensible à tout ce qui pouvoit diminuer les devoirs journaliers auxquels la présence du Roi l’engageoit. M. de Châteauneuf joignoit, au désir qu’il avoit de rendre par un nouvel éclat M. le prince encore plus irréconciliable à la cour, la vue de se gagner l’esprit de la Reine, dans le cours d’un voyage dans lequel l’absence du cardinal et l’éloignement des sous-ministres lui donnoient lieu d’espérer qu’il se pourroit rendre encore et plus agréable et plus nécessaire. M. le premier président y concourut de son mieux, et parce qu’il le crut très-utile au service du Roi, et que la hauteur avec laquelle M. de Châteauneuf le traitoit lui étoit devenue insupportable. M. de La Vieuville ne fut pas fâché, à ce qu’il

  1. Une déclaration : Cette déclaration fut enregistrée au parlement de Paris le 4 décembre 1651.