Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/441

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Monsieur devint en fort peu de temps moins sensible au plaisir de la liberté que l’absence de la cour lui donnoit, qu’aux ombrages qu’il prit assez subitement des bruits qui se répandirent des négociations souterraines, qu’il croyoit encore plus dangereuses par la raison de l’éloignement. M. de La Vieuville, qui craignoit plus que personne le Mazarin, me dit, quinze jours après le départ du Roi, que nous avions tous été des dupes de ne nous y être pas opposés. J’en convins en mon nom, et en celui de tous les frondeurs. J’en conviens encore aujourd’hui de bonne foi, et que cette faute fut une des plus lourdes que chacun pût faire, dans cette conjoncture, en son particulier. Je dis chacun de ceux qui ne désiroient pas le rappel de M. le cardinal Mazarin : car il est vrai que ceux qui étoient dans ses intérêts jouoient le droit du jeu. Ce qui nous la fit faire fut l’inclination naturelle que tous les hommes ont à chercher plutôt le soulagement présent que ce qui leur en doit faire un jour. J’y donnai de ma part comme tous les autres, et l’exemple ne fait pas que j’en aie moins de honte. Notre bévue fut d’autant plus grande que nous en avions prévu les inconvéniens, qui étoient dans la vérité non-seulement visibles, mais palpables et impardonnables, et que nous prîmes le détour de coure les plus grands pour éviter les plus petits. Il y avoit sans comparaison moins de péril pour nous à laisser respirer et fortifier M. le prince en Guienne, qu’à mettre la Reine, comme nous faisions, en pleine liberté de rappeler son favori. Cette faute est l’une de celles qui m’ont obligé de vous dire, ce me semble quelquefois, que la source la plus ordinaire des manquemens des