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les négociations inséparables des différentes cabales qui partageoient le parti des princes, pussent tenir long-temps contre l’opiniâtreté de la Reine, et contre le poids de l’autorité royale. Je ne crois pas me louer en disant que j’eus cette vue d’assez bonne heure, parce que je conviens de bonne foi que ne l’ayant eue que depuis que le Roi fut à Poitiers, je ne la pris que beaucoup trop tard. Je vous ai dit ci-devant qu’il ne s’est jamais fait une faute si lourde que celle que nous fîmes quand nous ne nous opposâmes pas au voyage ; et elle l’est d’autant plus, qu’il n’y avoit rien de plus aisé à voir que ce qui nous en arriveroit. Ce pas de clerc, que nous fîmes tous sans exception à l’envi l’un de l’autre, est un de ceux qui m’a obligé de vous dire quelquefois que toutes les fautes ne sont pas humaines, parce qu’il y en a de si grossières que des gens qui ont le sens commun ne les pourroient pas faire.

Comme j’eus vu, pesé et senti la conséquence de celle dont il s’agit, je pensai en mon particulier au moyen de la réparer ; et, après avoir fait toutes les réflexions que vous venez de voir répandues dans les feuilles précédentes sur l’état des choses, je n’y trouvai que deux issues, dont l’une fut celle de laquelle je vous ai parlé ci-dessus, qui étoit du goût et du génie de Monsieur, et à laquelle il avoit donné d’abord et de lui-même. Elle me pouvoit être bonne en mon particulier, parce qu’enfin Monsieur ne se déclarant point pour M. le prince, et entretenant la cour par des négociations, me donnoit toujours lieu de gagner temps et de faire venir mon chapeau. Mais ce parti ne me paroissoit honnête qu’autant qu’il se seroit rendu