Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/458

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absolument nécessaire, parce qu’il ne se pouvoit procurer l’avantage qu’il donneroit peut-être par l’événement au cardinalat, qu’il ne fût très-suspect à tous ceux qui étoient dans les intérêts de ce que l’on appeloit le public. Je ne voulois nullement perdre ce public ; et cette considération, jointe aux autres que je vous ai marquées ci-dessus, faisoit que je n’étois pas satisfait d’une conduite dont les apparences n’étoient pas bonnes, et dont le succès d’ailleurs étoit fort incertain. L’autre issue que je m’imaginai étoit plus grande, plus noble, plus élevée : et ce fut celle aussi à laquelle je m’arrêtai sans balancer. Ce fut de faire en sorte que Monsieur formât publiquement un tiers parti, séparé de M. le prince, et composé de Paris et de la plupart des grandes villes du royaume, qui avoient beaucoup de disposition au mouvement, et dans une partie desquelles j’avois de bonnes correspondances. Le comte de Fuensaldagne, qui croyoit qu’il n’y avoit que la défiance où j’étois de la mauvaise volonté de M. le prince contre moi qui me fît garder des ménagemens avec la cour, m’avoit envoyé don Antonio de la Crusa pour me faire des propositions, qui me donnèrent la première vue du projet dont je vous parle : car il m’avoit offert de faire un traité secret par lequel il m’assuroit d’argent, et par lequel toutefois il ne m’obligeoit à rien de toutes les choses qui pourroient faire juger que j’eusse des correspondances avec l’Espagne. L’idée que je me formai sur cela, et sur beaucoup d’autres circonstances qui concoururent en ce temps-là, fut de proposer à Monsieur qu’il déclarât publiquement dans le parlement que, voyant que la Reine étoit résolue de rétablir le