Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/10

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les fois qu’il avoit lieu de le faire. Ce qui étoit de son inclination lui devint nécessaire, par son union avec une compagnie qui n’agissoit jamais que sur le fondement d’accorder les ordonnances royaux avec la guerre civile. Ce ridicule est en quelque manière couvert dans le temps, à l’égard du parlement, par la majesté d’un grand corps que la plupart des gens croient infaillible. Il paroît toujours de bonne heure dans les particuliers, quels qu’ils soient, fils de France ou princes du sang. Je le disois tous les jours à Monsieur, qui en convenoit, et puis revenoit tous les jours à me dire en sifflant : « Qu’y a-t-il de mieux à faire ? » Je crois que ce mot servit de refrain plus de cinquante fois à tout ce qui se dit dans une conversation que j’eus avec lui le jour que M. de Nemours arriva à Paris. Monsieur me témoignant beaucoup de chagrin de ce que les troupes qu’il alloit querir en Flandre fortifieroient trop M. le prince, « qui s’en servira après, ajouta-t-il, à ses fins et comme il lui plaira, » je lui dis que j’étois au désespoir de le voir dans un état où rien ne lui pouvoit donner de la joie, et où tout le pouvoit et le devoit affliger. « Si M. le prince est battu, ajoutai-je, que ferez-vous avec le parlement, qui attendroit les conclusions des gens du Roi quand le cardinal seroit avec une armée à la porte de la grand’chambre ? Que ferez-vous si M. le prince est victorieux, puisque vous êtes déjà en défiance de quatre mille hommes que l’on est sur le point de lui amener ? "

Quoique j’eusse été très-fâché et par la raison de l’engagement que j’avois sur ce point avec la Reine, et par celle même de mon intérêt particulier, qu’il se