Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/9

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et les plus assurés. Comme il ne pouvoit oublier le jeudi saint, et qu’il craignoit d’ailleurs extrêmement la dépendance dans laquelle il croyoit qu’il tomberoit infailliblement s’il s’unissoit absolument avec M. le prince, il se contraignoit lui-même dans toutes ses démarches à un point qu’il forçoit dix fois par jour les plus naturelles ; et dans le temps qu’il espéroit encore qu’on pourroit traverser le retour de M. le cardinal par d’autres moyens que ceux de la guerre civile, il s’accoutumoit si bien à garder les mesures qui étoient convenables à cette disposition, que quand il fut obligé de les changer il tomba dans une conduite hétéroclite, et toute pareille à celle du parlement.

Vous avez déjà vu en plusieurs occasions que cette compagnie dans une même séance commandoit à des troupes de marcher, et leur défendoit en même temps de pourvoir à leur subsistance ; qu’elle armoit les peuples contre les gens de guerre, qui avoient leurs commissions et leurs ordres en bonne forme de la cour ; et qu’elle éclatoit au même moment contre ceux qui proposoient qu’on licenciât les gens de guerre ; qu’elle enjoignoit aux communes de courre sus aux généraux des armées du Roi qui appuyoient le Mazarin ; et qu’elle défendoit au même instant, sur peine de la vie, de faire aucune levée sans commission expresse de Sa Majesté. Monsieur, qui se figuroit qu’en demeurant uni avec le parlement il fronderoit le Mazarin sans dépendance de M. le prince, se laissa couler par cette conjonction encore plus aisément dans la pente où il ne tomboit déjà que trop naturellement par son irrésolution. Elle l’obligeoit à tenir des deux côtés toutes <referenles/>