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cessaire pour faire la somme de cent cinquante mille livres pour la tête à prix. Il fut dit, à l’égard de ce dernier chef, que l’on feroit incessamment inventaire de ce qui restoit des meubles du cardinal. M. de Beaufort fit ce jour-là une lourderie digne de lui. Comme il y avoit eu le matin une fort grande émeute dans le Palais, dans laquelle messieurs de Vanau et Partial auroient été massacrés sans lui, il crut qu’il feroit mieux, pour détourner le peuple du Palais, de l’assembler dans la place Royale. Il y donna un rendez-vous public pour l’après-dînée ; il y amassa quatre ou cinq mille gueux, à qui il est constant qu’il fit proprement un sermon, qui n’alloit qu’à les exhorter à l’obéissance qu’ils devoient au parlement. J’en sus tout le détail par des gens de croyance que j’y avois envoyés moi-même exprès. La frayeur qui avoit déjà saisi la plupart des présidens et des conseillers leur fit croire que cette assemblée n’avoit été faite que pour les perdre. Ils firent parler M. de Beaufort de toutes les manières qui pouvoient redoubler leurs alarmes ; et ils la prirent si chaude qu’il ne fut pas au pouvoir de Monsieur ni de M. le prince de rassurer messieurs les présidens, qui ne purent jamais se résoudre d’aller au Palais. Ce qui arriva le même jour à M. le président de Maisons dans la rue de Tournon ne les rassura pas. Il faillit à être tué par une foule de peuple, comme il sortoit de chez Monsieur ; et M. le prince et M. de Beaufort eurent beaucoup de peine à le sauver. Cette journée fit voir que M. de Beaufort ne savoit pas que qui assemble un peuple l’émeut toujours. Il y parut car deux ou trois jours après ce beau sermon la sédition fut plus forte qu’elle n’avoit encore été dans