Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/13

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veut être trompé. Ce mot est vrai, et se vérifia en cette occasion.

Je vous supplie de me permettre de faire ici une pause, pour observer qu’il n’est pas étrange que les historiens qui traitent des matières dans lesquelles ils ne sont pas entrés par eux-mêmes s’égarent si souvent, puisque ceux même qui en sont si proches ne se peuvent défendre, dans une infinité d’occasions de prendre des apparences pour des réalités, quelquefois fausses dans toutes leurs circonstances. Il n’y eut pas un homme (je ne dis pas dans le parlement, mais dans le Luxembourg même) qui ne crût en ce temps-là que mon unique application auprès de Monsieur ne fût de rompre les mesures que M. le prince avoit avec lui. Je n’y eusse pas certainement manqué, si j’eusse seulement entrevu qu’il eût eu la moindre disposition à en prendre de bonnes et d’essentielles ; mais je vous assure qu’il étoit si éloigné de celles mêmes auxquelles l’état des affaires l’obligeoit par toutes les règles de la bonne conduite, que j’étois forcé de travailler avec soin à lui persuader de demeurer, au moins avec quelque sorte de justesse, dans celle-ci, dans le moment même que tout le monde se figuroit que je ne songeois qu’à l’en détourner. Je n’étois pourtant pas fâché du bruit que les serviteurs de M. le prince répandoient du contraire, quoique ces bruits me coûtassent de temps en temps quelques bourrades, que l’on me donnoit en opinant dans les assemblées des chambres. J’entrepris, au commencement, de m’en pouvoir servir utilement pour entretenir la Reine. Elle ne s’y laissa pas amuser long-temps ; et comme elle sut que, bien que je lui tinsse