Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/14

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fidèlement la parole que je lui avois donnée de ne me point accommoder avec M. le prince, je ne laissois pas de conseiller à Monsieur de ne me pas rompre avec lui, elle m’en fit faire des reproches par Brachet, qui vint à Paris dans ce temps-là. Je lui fis écrire sous moi un mémoire, qui justifioit clairement que je ne manquois en rien, comme il étoit vrai, à tout ce que je lui avois promis, parce que je ne m’étois engagé à quoi que ce soit qui fût contraire à ce que j’avois conseillé à Monsieur. Brachet me dit à son retour que la Reine en étoit convaincue, après qu’il lui eut fait peser mes raisons ; mais que M. de Châteauneuf s’étoit récrié, en proférant ces propres paroles : « Je ne suis pas, madame, non plus que le coadjuteur, de l’avis du rappel de M. le cardinal ; mais il est si criminel à un sujet de dicter un mémoire pareil à celui que je viens de voir, que si j’étois son juge, je le condamnerois sans balancer sur cet unique chef. » La Reine eut la charité de commander à Brachet de me raconter ce détail, et de me dire que M. le cardinal auroit plus de fidélité pour moi que ce scélérat, quoique je ne lui en donnasse pas sujet. Ce furent ses propres paroles. Je reviens au parlement.

Ce qui s’y passa, depuis le 12 janvier 1652 jusqu’au 24 du même mois, ne mérite pas votre attention, parce qu’on n’y parla presque que de l’affaire de messieurs Bitaut et Du Coudray, que l’on y traita toujours comme s’il se fût agi d’un assassinat qui eût été commis de sang-froid sur les degrés du Palais.

Le 24, M. le président de Bellièvre et les autres députés qui avoient été à Poitiers firent leur relation des remontrances qu’ils avoient faites au Roi, au nom