Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/139

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réponse. La cour les avoit avertis de leur devoir, par un arrêt solennel que le conseil donna en cassation de celui du parlement, qui établissoit la lieutenance générale. Son autorité n’étoit pas même établie, au moins en la manière qu’elle le devoit être, dans Paris : car deux misérables ayant été condamnés à être pendus le 23, pour avoir mis le feu dans l’hôtel-de-ville, les compagnies des bourgeois qui furent commandées pour tenir la main à l’exécution refusèrent d’obéir.

Le 24, on ordonna qu’on feroit une assemblée générale à l’hôtel-de-ville, pour aviser aux moyens de trouver de l’argent pour la subsistance des troupes et que l’on vendroit les statues qui étoient dans le palais Mazarin, pour faire le fonds de la tête à prix.

Le 26, Monsieur dit dans les chambres assemblées que sa nouvelle qualité de lieutenant général l’obligeant à former un conseil, il prioit la compagnie de nommer deux de son corps qui y entrassent, et de lui dire aussi si elle n’approuvoit pas qu’il priât M. le chancelier d’y assister. Il passa à cet avis ; et M. Bignon même, avocat général, et le Caton de son temps, n’y fut pas contraire : car il dit dans ses conclusions, qui furent d’une force et d’une éloquence admirables, que le parlement n’avoit pas donné à Monsieur la qualité de lieutenant général ; mais qu’il la pouvoit prendre dans la conjoncture, comme l’ayant de droit par sa naissance, qui le constituoit naturellement le premier magistrat du royaume. Il allégua sur cela Henri-le-Grand qui, étant premier prince du sang, s’étoit appelé ainsi dans un discours qu’il avoit fait dans le temps des troubles.

Le 27, le conseil fut établi par M. le duc d’Orléans ;