Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/141

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L’une est que, bien que je ne puisse vous démêler en particulier les différens ressorts des machines que vous venez de voir sur le théâtre, parce que j’en étois dehors, je puis vous assurer que l’unique qui faisoit agir si pitoyablement Monsieur, c’étoit la persuasion où il étoit que tout étant à l’aventure, le parti le plus sage étoit de suivre toujours le flot (c’étoit son expression) ; et que ce qui obligeoit M. le prince à se conduire comme il se conduisoit, c’étoit l’aversion qu’il avoit à la guerre civile, qui fomentoit, réveilloit même à tous momens, dans le plus intérieur de son cœur, l’espérance de la terminer promptement par une négociation. Vous remarquerez, s’il vous plaît, qu’elles n’eurent jamais d’intermission. Je vous ai expliqué le détail de ces différens mouvemens dans ce que je vous ai expliqué ci-dessus : mais je crois qu’il n’est pas inutile de vous les marquer encore en général dans le cours d’une narration qui vous présente à tous les instans des incidens dont vous me demandez sans doute les raisons, que j’omets parce que je n’en sais pas le particulier.

Je vous ai déjà dit que j’avois rebuté Monsieur par mes monosyllabes. Je m’y étois fixé à dessein, et je ne les quittai que lorsqu’il s’agit de la lieutenance générale. Je la combattis de toute ma force, parce qu’il me força de lui en dire mon sentiment. Je la lui traitai d’odieuse, de pernicieuse et d’inutile ; et je m’en expliquai si hautement et si clairement, que je lui dis que je serois au désespoir que tout le monde ne sût pas sur cela mes sentimens, et que l’on crût que ceux qui avoient mon caractère particulier dans le parlement fussent capables d’y donner leurs voix.