Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/168

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me dit depuis que c’étoit celui qu’Ondedei lui avoit suggéré pour parler d’affaires avec moi, parce que c’étoit celui qui avoit paru le plus malintentionné pour moi ; et que Servien, qui craignoit les mauvais offices des subalternes, avoit refusé d’entrer en aucunes négociations particulières avec moi, à moins qu’il n’eût pour collègue, ou plutôt pour témoin M. Le Tellier, « qui ne manquera pas, dit-il à la Reine, de faire suggérer à M. le cardinal que je prends des mesures avec le cardinal de Retz ; et c’est pour cela, madame, que je supplie très-humblement Votre Majesté qu’il en soit de part. » Je ne sais ce que je vous dis de cela que par Bluet, qui étoit à la vérité un assez bon auteur pour ce petit détail : car il étoit intime d’Ondedei. Ce qui me fait croire qu’il ne l’avoit pas inventé, c’est que je trouvai effectivement chez madame la palatine, où j’allai entre onze heures et minuit, M. Le Tellier avec M. Servien, dont je fus assez surpris, parce que je n’avois pas lieu de croire qu’il eût de fort bonnes dispositions pour moi. Je vous rendrai compte dans la suite des raisons que j’avois de le soupçonner.

Il me parut que ces messieurs avoient déjà été informés par la Reine de ce que j’avois à leur proposer. En voici la substance : que Monsieur étoit résolu de conclure la paix de bonne foi ; et que pour faire connoître à la Reine la sincérité de ses intentions, il avoit voulu, contre toutes les règles et tous les usages de la politique ordinaire, commencer par les effets ; qu’il eût été difficile d’en donner un plus efficace et plus essentiel qu’une députation aussi solennelle que celle de l’Église de Paris, résolue et exécutée à la face de