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fut que la grand’chambre donna arrêt le 8 février, à la requête du procureur général, par lequel elle défendoit à qui que ce soit, sans exception, de lever des troupes sans commission du Roi. Jugez, je vous supplie, comment cela se pouvoit accorder avec sept ou huit arrêts que vous avez vus ci-dessus !

Le 15 de février, le parlement et la ville reçurent deux lettres de cachet, par lesquelles le Roi leur donnoit part, et de la rébellion de M. de Rohan, et de la marche des troupes d’Espagne que M. de Nemours amenoit, et en faisoit voir les inconvéniens, en les exhortant à l’obéissance. Monsieur prit la parole ensuite : il représenta que M. de Rohan ne s’étoit rendu maître de la ville et du château d’Angers que pour exécuter les arrêts de la compagnie, qui ordonnoient à tous les gouverneurs des places de s’opposer aux entreprises du cardinal ; que Boisleur, lieutenant général d’Angers et partisan passionné de ce ministre, en avoit une toute formée sur cette place et qu’ainsi M. de Rohan avoit été obligé de le prévenir, et de se saisir même de sa personne ; qu’il ne pouvoit concevoir comme l’on pouvoit concilier ce qui se passoit tous les jours au parlement ; que les chambres assemblées avoient donné sept ou huit arrêts consécutifs, portant injonction aux gouverneurs des provinces et des villes de se déclarer contre le cardinal ; et qu’il n’y avoit que deux jours que la Tournelle, à la requête de l’évêque d’Angers, frère de Boisleur, avoit donné arrêt contre M. le duc de Rohan, qui n’étoit coupable que d’avoir exécuté ceux des chambres assemblées ; que la grand’chambre venoit d’en donner un par lequel elle défendoit de lever des troupes