Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/226

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moins faire plus de réflexion sur les offres que Du Fay avoit faites à mon contrôleur ; mais je ne les regardai que comme des inquiétudes des subalternes, qui faisoient espionner mes actions. M. de Brissac me dit un jour qu’il seroit bon que je prisse garde à moi avec plus de précaution ; qu’on lui donnoit avis de tous les côtés ; et qu’il venoit même de recevoir un billet par lequel celui qui l’écrivoit, sans se nommer, le conjuroit de faire en sorte que je n’allasse pas ce jour-là à Rambouillet où l’on avoit pris fantaisie de se promener, quoique l’on fût bien avant dans le mois de novembre. Je ne doutai point que ce billet ne vînt de quelqu’un de la cour, qui avoit eu la curiosité de sonder et mon cœur et mes forces. J’y allai avec deux cents gentilshommes, et j’y trouvai un fort grand nombre d’officiers des gardes, et entre autres Rubantel, affidé. confident de l’abbé Fouquet. Je ne sais s’ils avoient dessein de m’attaquer ; mais je sais bien que je n’étois pas en état d’être attaqué. Ils me saluèrent avec de profondes révérences ; j’entrai en conversation avec quelques-uns d’eux que je connoissois, et je revins chez moi tout aussi satisfait de ma personne que si je n’eusse pas fait une sottise. C’en étoit une effectivement, qui n’étoit bonne qu’à aigrir la cour de plus en plus, contre moi. On se pique l’on s’emporte, et, dans la passion, il est très-difficile de conserver une conduite qui ne déborde point. Voici encore en quoi la mienne ne fut pas juste.

Je faisois état de prêcher au moins les dimanches et les fêtes de l’avent dans les plus grandes églises de Paris, ; et je commençai le jour de la Toussaint à Saint-Germain, paroisse du Roi. Leurs Majestés me firent