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l’honneur d’assister au sermon, et je les en allai remercier le lendemain. Comme depuis ce temps-là les avis que l’on me donnoit de toutes parts se multiplièrent, je n’allai plus au Louvre : en quoi je fis, à mon sens, je fis une faute ; car je crois que cette circonstance détermina plus la Reine à me faire arrêter, que toutes autres. Je dis seulement que je le crois, parce que, pour le bien savoir, il seroit nécessaire de savoir au préalable si M. le cardinal Mazarin avoit ordonné que l’on m’arrêtât ; ou si simplement il l’approuva, quand il vit qu’on y avoit réussi. Je ne le sais pas précisément, les gens de la cour même m’en ayant depuis parlé fort différemment. Lyonne m’a toujours assuré le second ; et quelque autre dont je ne me souviens pas, m’a assuré qu’il avoit ouï le contraire de M. Le Tellier. Ce qui est constant c’est que, sans une circonstance que vous allez voir, je n’eusse pas été au Louvre ; je me fusse tenu sur mes gardes ; et que, nonobstant les ordres de M. de Pradelle, j’eusse apparemment embarrassé le théâtre, au moins assez long-temps pour attendre des nouvelles de M. le cardinal Mazarin. Tout le monde me le conseilloit ; et je me souviens que M. d’Hacqueville[1] me dit un soir avec colère : « Vous avez bien gardé votre maison trois semaines pour M. le prince ; est-il possible que vous ne la puissiez garder trois jours pour le Roi ? »

Voici ce qui m’en empêcha. Madame de Lesdi-

  1. M. d’Hacqueville. Il fut par la suite l’ami et le confident de madhme de Sevigné. il étoit d’une activité extraordinaire, et sembloit se multiplier pour servir ceux qu’il aimoit. Madame de Sévigné l’appeloit les d’Hacqueville, l’ami inépuisable.