Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/233

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mon oncle, qui étoit le plus foible des hommes, et jaloux de moi jusqu’au ridicule, ne les appuyât que très-mollement ; leurs instances, dis-je, obligèrent la cour à s’expliquer des causes de ma prison par la bouche de M. le chancelier, qui, en la présence du Roi et de la Reine, dit à tous ces corps que Sa Majesté ne m’avoit fait arrêter que pour mon propre bien, et pour m’empêcher d’exécuter ce que l’on avoit sujet de croire que j’avois dans l’esprit. M. le chancelier m’a dit, depuis mon retour en France, que ce fut lui qui fit trouver bon à la Reine qu’il donnât ce tour à son discours, sous prétexte d’éluder plus spécieusement la demande que faisoit l’Église de Paris en corps, ou que l’on me fît mon procès, ou que l’on me rendît la liberté ; et il ajoutoit que son véritable dessein avoit été de me servir, en faisant que la cour avouât ainsi mon innocence, au moins pour les faits passés.

Il est vrai que mes amis prirent un grand avantage de cette réponse, qui fut relevée de toutes ses couleurs en deux ou trois libelles très-spirituels. M. de Caumartin fit, dans cette occasion et dans les suivantes, tout ce que l’amitié la plus véritable et tout ce que l’honneur le plus épuré peuvent produire. M. d’Hacqueville y redoubla ses soins et son zèle pour moi. Le chapitre de Notre-Dame fit tous les jours chanter une antienne publique et expresse pour ma liberté ; aucun des curés ne me manqua, à la réserve de celui de Saint-Barthelemy. La Sorbonne se signala ; il y eut même beaucoup de religieux qui se signalèrent et se déclarèrent. M. de Châlons échauffoit les cœurs et les esprits, et par sa réputation et par son exemple. Ce soulèvement obligea la cour à me traiter