Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/253

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Pradelle qui étoit bien plus à l’abbé Fouquet qu’au cardinal, et qui savoit que l’abbé Fouquet ne vouloit en aucune manière ma liberté, lui porta en diligence cette bonne nouvelle ; et il reçut aussi en même temps la commission de me faire entrevoir sans affectation dans les conversations qu’il avoit avec moi, l’archevêché de Reims et des récompenses immenses, afin que lorsqu’on m’en proposeroit de moindres je me tinsse plus ferme, et que ma fermeté aigrît encore davantage le Mazarin. Je m’aperçus de ce jeu avec assez de facilité, en joignant ce que je savois de sûr par M. de Bellièvre et mes amis, à ce que j’apprenois de différent par Pradelle et par d’Avanton, qui étoit mon exempt. Celui-ci, qui étoit uniquement dépendant de M. de Noailles son capitaine, qui n’y entendoit aucune finesse, et qui n’alloit qu’au service du Roi, ne me grossissoit rien. L’autre dont le but étoit de m’empêcher d’accepter le parti que l’on me feroit, par l’espérance qu’il me feroit concevoir d’en obtenir de plus considérables, continuoit à me jeter des lueurs éclatantes. Je me résolus de répondre par l’art à l’artifice : je dis à d’Avanton que je ne concevois pas la manière d’agir de la cour : que quoique je fusse dans les fers, je ne les trouvois pas assez pesans pour souhaiter de les rompre par toutes voies ; qu’enfin il falloit agir avec sincérité avec tout le monde, et avec les prisonniers comme avec les autres ; que l’on me faisoit en même temps des propositions tout opposées ; que M. le premier président m’offroit sept abbayes ; que M. de Pradelle me montroit des archevêchés. D’Avanton, qui dans le vrai ne vouloit que le bien de l’affaire, ne manqua pas de rendre