Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/254

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compte à son capitaine de mes plaintes. M. le cardinal Mazarin, qui avoit pris une frayeur mortelle des curés et des confesseurs de Paris, et qui par cette considération brûloit d’impatience de finir, en fut outré contre Pradelle : il l’en gourmanda au dernier point. Il soupçonna le vrai, qui étoit qu’il agissoit par les ordres de l’abbé Fouquet ; et le chagrin qu’il eut de trouver dans les siens mêmes des obstacles à ses volontés contribua beaucoup, à ce que M. de Bellièvre me dit dès le lendemain, à le faire conclure à ce que je donnasse ma démission datée du donjon de Vincennes ; que le Roi me pourvût des sept abbayes que je vous ai nommées, et que je fusse remis entre les mains de M. le maréchal de La Meilleraye pour être gardé par lui dans le château de Nantes, et pour être mis en liberté aussitôt qu’il auroit plu à Sa Sainteté d’accepter ma démission ; que, quoi qu’il pût arriver de cette démission, je ne pourrois jamais être remis entre les mains de Sa Majesté qu’après que M. le président de Bellièvre auroit écrit de sa main à M. le maréchal de La Meilleraye qu’il l’agréoit ; et que, pour plus grande sûreté de cette dernière clause, le Roi signeroit de sa main un papier, par lequel il permettroit à M. le maréchal de La Meilleraye de donner cette promesse par écrit à M. le président de Bellièvre. Tout cela fut exécuté ; et le lundi suivant l’un et l’autre me vinrent prendre à Vincennes et ils me menèrent ensemble, dans un carrosse du Roi jusqu’au Port-à-l’Anglais.

Comme le maréchal étoit tout estropié de la goutte, il ne put monter jusqu’à ma chambre : ce qui donna le temps à M. de Bellièvre, qui m’y vint prendre, de