Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/30

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vie ; j’ai rappelé dans ma mémoire toute l’intrigue de la Ligue, toute la faction des huguenots, tous les mouvemens du prince d’Orange, et je n’y ai rien trouvé de si difficile que ce que je rencontre dans toutes les heures, ou plutôt à tous les momens, devant moi. » Il ramassa et exagéra en cet endroit tout ce que vous avez vu jusques ici répandu dans cet ouvrage sur cette matière ; et je lui répondis aussi en cet endroit tout ce que vous y avez pu remarquer de mes pensées. Comme il est impossible de fixer une conversation dont le sujet est l’incertitude même, il se répondoit au lieu de me répondre : et ce qui arrive toujours en ce cas est que celui qui se répond ne s’en aperçoit jamais, et ainsi on ne finit point. Je suppliai Monsieur, par cette raison, de me permettre que je misse par écrit mes sentimens sur l’état des choses. Je lui dis qu’il ne falloit qu’une heure pour cela. Je n’étois pas fâché, pour vous dire le vrai, de trouver lieu, à tout événement de lui faire confirmer par M. de Bellièvre ce que je lui avois avancé dans les occasions. Il me prit au mot ; il passa dans la galerie, où il y avoit une infinité de gens ; et j’écrivis sur la table du cabinet des livres ce que vous allez voir, dont j’ai encore l’original.

« Je crois qu’il ne s’agit pas présentement de discuter ce que Son Altesse Royale a pu ou dû faire jusqu’ici ; et je suis même persuadé qu’il y a inconvénient dans les grandes affaires à rebattre le passé, si ce n’est pour mémoire, et simplement autant qu’il peut avoir rapport à l’avenir. Monsieur n’a que quatre partis à prendre : ou à s’accommoder avec la Reine, c’est-à-dire avec le cardinal Maza-