Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/308

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et même fort obligeante à monsignor Scotti ; mais messieurs les cardinaux d’Est, Bichi et Ursin me traitèrent de haut en bas, même avec mépris. Je déclarai dès le lendemain publiquement que puisqu’on ne me vouloit donner aucun moyen de servir la France, je croyois que je ne pouvois rien faire de mieux que de me mettre au moins dans la faction la plus indépendante de celle d’Espagne. J’y fus reçu avec toutes les honnêtetés imaginables, et l’événement fit voir que j’avois eu raison.

Je n’en eus pas tant dans la conduite que j’eus au même moment avec M. de Lyonne. Il s’étoit raccommodé avec M. le cardinal Mazarin, qui l’envoya à Rome pour agir contre moi, et qui, pour l’y tenir avec plus de dignité, lui donna la qualité d’ambassadeur extraordinaire vers les princes d’Italie. Comme il étoit assez ami de Montrésor, il le vit devant qu’il partît. Il le pria de m’écrire qu’il n’oublieroit rien pour adoucir les choses, et que je le connoîtrois par les effets. Il parloit sincèrement : son intention pour moi étoit assez bonne. Je n’y répondis pas comme je devois ; et cette faute n’est pas une des moindres de celles que j’ai commises pendant ma vie. Je vous en dirai le détail, et les raisons de ma conduite, qui n’étoit pas bonne, après que je vous aurai rendu compte du conclave.

Le premier pas que fit l’escadron volant, dans l’intervalle des neuf jours qui sont employés aux obsèques du Pape, fut de s’unir avec le cardinal Barberin, qui avoit dans l’esprit de porter au pontificat le cardinal Sachetti, homme d’une représentation pareille à celle, du feu président de Bailleul, de qui Ménage