Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que le raisonnement de l’escadron étoit fort juste. Le voici : « Nous sommes persuadés que Chigi est le sujet du plus grand mérite qui soit dans le collége, et nous ne le sommes pas moins qu’on ne le peut faire pape qu’en faisant tous nos efforts pour réussir à Sachetti. Le pis du pis est que nous réussissions à Sachetti, qui n’est pas trop bon, mais qui est toujours un des moins mauvais. Selon toutes les apparences du monde, nous n’y réussirons pas : auquel cas nous ferons tomber Barberin à Chigi par reconnoissance et par l’intérêt de nous y conserver. Nous y ferons venir l’Espagne et Médicis, par l’appréhension que nous n’emportions à la fin le plus de voix pour Sachetti ; et la France, par l’impossibilité où elle se trouvera de l’empêcher. » Ce raisonnement beau et profond, auquel il faut avouer que M. le cardinal Azolin eut plus de part que personne, fut approuvé tout d’une voix dans la Transpontine, où l’escadron volant s’assembla dès les premiers jours des obsèques du Pape, et après même que l’on y eut examiné mûrement les difficultés de ce dessein, qui eussent paru insurmontables à des esprits médiocres. Les grands noms sont toujours de grandes raisons aux petits génies. France, Espagne, Empire, Toscane, étoient des mots tout propres à épouvanter les gens. Il n’y avoit aucune apparence que le cardinal Mazarin pût agréer Chigi, qui avoit été nonce à Munster dans le temps de la négociation de la paix, et qui s’étoit déclaré ouvertement dans plus d’une occasion contre Servien, qui étoit plénipotentiaire de France. Il n’y avoit pas de vraisemblance que l’Espagne lui dût être favorable. Le car-