Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/320

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port à celui de Fiorenzola. Nous résolûmes de nous servir utilement de cette appréhension de Montalte, pour lui donner presque insensiblement de l’inclination pour Chigi. Le vieux cardinal de Médicis, qui étoit l’esprit du monde le plus doux, étoit la moitié du jour fatigué, et de la longueur du conclave, et de l’impétuosité du cardinal Jean-Charles son neveu, qui ne l’épargnoit pas quelquefois lui-même. J’étois très-bien avec lui et au point même de donner de la jalousie à M. le cardinal Jean-Charles ; et ce qui m’avoit procuré particulièrement son amitié étoit sa candeur naturelle, qui avoit fait qu’il avoit pris plaisir à ma manière d’agir avec lui. Je faisois profession publique de l’honorer, et je lui rendois même avec soin mes devoirs. Mais je n’avois pas laissé de m’expliquer clairement avec lui sur mes engagemens avec M. le cardinal Barberin et avec l’escadron. Ma sincérité lui avoit plu ; et il se trouva, par l’événement, qu’elle me fut plus utile que n’auroit été l’artifice. Je ménageai avec application son esprit, et je jugeai que je me trouverois bientôt en état de le disposer peu à peu, et à se radoucir pour M. le cardinal Barberin, qui étoit brouillé avec toute sa maison, et à ne pas regarder M. le cardinal Chigi comme un homme aussi dangereux qu’on le lui avoit voulu faire croire. On ne s’endormoit pas, comme vous voyez, à l’égard de l’Espagne et de la Toscane, quoique l’on y parût à elle-même sans action, parce qu’il n’étoit pas encore temps de se découvrir. On n’eut pas moins d’attention envers la France, dont l’opposition à Chigi étoit encore plus publique et plus déclarée que celle des autres. M. de Lyonne, neveu de Servien, en parloit à