Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/321

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qui le vouloit entendre comme d’un pédant, et il ne présumoit pas qu’on le pût seulement mettre sur les rangs. M. le cardinal Grimaldi, qui, dans le temps de leur prélature avoit eu je ne sais quel malentendu avec lui, disoit publiquement qu’il n’avoit qu’un mérite d’imagination. Il ne se pouvoit que M. le cardinal d’Est n’appréhendât, comme frère du duc de Modène, l’exaltation d’un sujet désintéressé et ferme, qui sont les deux qualités que les princes d’Italie craignent uniquement dans un pape. Vous avez vu ci-devant qu’il y avoit eu même du personnel entre lui et M. le cardinal Mazarin en Allemagne ; et nous jugeâmes, par toutes ces considérations, qu’il étoit à propos d’adoucir les choses autant que nous le pourrions de ce côté-là, qui, quoique foible, nous pourroit peut-être faire obstacle. Je dis quoique foible, parce que dans la vérité la faction de France ne faisoit pas une figure assez considérable dans ce conclave, pour que nous ne puissions prétendre, et que nous ne prétendissions en effet, de pouvoir faire un pape malgré elle. Ce n’est pas qu’elle manquât de sujets, et même capables. Est, qui étoit protecteur, suppléoit par sa qualité, par sa dépense et par son courage, à ce que l’obscurité de son esprit et l’ambiguïté de ses expressions diminuoient de sa considération. Grimaldi joignoit, à la réputation de vigueur qu’il a toujours eue, un air de supériorité aux manières serviles des autres cardinaux de la faction ; et il élevoit par là au dessus d’eux sa réputation ; Bichi, habile et rompu dans les affaires, y devoit tenir naturellement un grand poste. M. le cardinal Antoine brilloit par sa libéralité, et M. le cardinal Ursin