Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/346

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rois rien faire qu’il ne pût dire m’avoir défendu. Je le pressai de s’expliquer, autant que l’on peut presser un homme qui est assis dans la chaire de saint Pierre : je n’en pus rien tirer. Je rendis compte de mon audience à M. le cardinal Barberin et à mes amis de l’escadron ; et je vous rendrai celui de la conduite qu’ils me firent prendre après que je vous aurai entretenue, et d’une conversation que M. de Lyonne avoit eue avec le Pape quelques jours auparavant, et de ce qui se passoit entre M. de Lyonne et moi dans le même temps.

De Lyonne, qui n’étoit rétabli à la cour que depuis peu, fut touché au vif de ce que le Pape m’avoit donné le pallium, parce qu’il appréhendoit que M. le cardinal Mazarin ne se prît à lui d’une action qu’il craignoit que l’on n’imputât à sa négligence. Il n’en avoit pas été averti : ce qui pouvoit être un grand crime auprès d’un homme qui lui avoit dit en partant qu’il n’y en avoit pas un à Rome qui ne lui servît volontiers d’espion. L’appréhension qu’il eut de la réprimande l’obligea à en faire une terrible au Pape ; car la manière dont il lui parla ne se peut pas appeler une plainte. Il lui déclara en face que, nonobstant mes bulles, ma prise de possession et mon pallium, le Roi ne me tenoit ni ne me tiendroit jamais pour archevêque de Paris. Voilà une des plus douces phrases de l’oraison ; les figures en furent remplies de menaces d’arrêt du parlement, de décret de Sorbonne, de résolution du clergé de France. L’on jeta quelques mots un peu enveloppés de schisme, et l’on s’expliqua clairement et nettement de l’exclusion entière et absolue que l’on donneroit au Pape du congrès pour la paix générale, que l’on supposoit se devoir traiter au